Porteur de Reliques

Pibrac, dimanche 15 juin 2008

Me voici porteur de la châsse de Sainte Germaine, ou mieux porteur des reliques de notre « petite Sainte» (existe-t-il des grands et des petits Saints  aux yeux de Dieu ou aux yeux des hommes ?), avec les sept autres serviteurs.

La châsse est assez lourde, près de 350 kg, alors que la sainte est si légère! (les reliques ne doivent guère dépasser la dizaine de kilos). Alors je médite; nous portons ce « qui reste de la Sainteté », 10 kg de ce qui fut une vie si frêle, si légère, si discrète, si tourmentée mais si confiante et si forte dans sa foi, dans sa configuration au Christ! 10 kg d'humanité dont le poids est incomparable aux yeux de Dieu, dont le prix est celui de l'Amour, sans limite.

Et 340 kg de ce que les hommes ont rajouté, de ce qu'ils ont imaginé, du poids que nous nous imposons, j'ai envie de dire : du poids du péché. Elle est lourde notre humanité avec ses ors, sa puissance qu'il faut montrer! Est-ce de l'orgueil ?, est-ce pour être bien vu ?, est ce un nouveau veau d'or ?

Que de paradoxes dans notre pèlerinage ! Nous suivons et montrons à tous les fidèles un modèle de simplicité, de vérité, d'essentiel mais nous lui rendons l'hommage que nous pouvons, avec faste, richesse, tout ce que l'homme peut donner de plus beau.

Et il est bien normal de donner ce que nous avons de meilleur pour honorer cette Sainte. Et il est bien normal que chacun ait cherché, forgé, réalisé le summum de son art pour que la châsse soit belle, lumineuse, unique, visible, pour montrer le prix que nous accordons à Germaine, qui nous amène au Christ.

Oui, nous portons à la fois la grâce et ce qui la fait reconnaître. Oui, nous, serviteurs inutiles, portons ce joug, apportant ainsi notre pierre à l'édifice par le don de l'effort. Le Christ a porté le poids de la croix, a porté toute l'humanité - ce qui est sans mesure, sans limite, au-delà de toute matérialité! mais de quel poids d'humanité! il fallait un Dieu pour un tel fardeau. Et un Dieu incarné!     .

Alors, à notre mesure, fragile, trébuchant parfois, nous avançons; hommes debout et en marche, au milieu de tous les pèlerins: c'est toute l'humanité en marche elle aussi, qui cherche à supporter le poids de ses misères, avec l'espérance d'un allègement de ses souffrances, d'un chemin vers le bonheur promis, possible puisque même une petite bergère nous l'a montré.

Alors porteur d'un jour de grâce, pèlerin de chaque jour, n'oublions pas l'invisible si réel, le fardeau léger et le joug facile à porter si l'espérance est chevillée au corps, si la foi nous permet de déplacer nos montagnes, si nous suivons le Christ au cœur. Lui est toujours là.

Seigneur, dans ta miséricorde, fais de chacun de nous, par nature porteur de péchés : des nôtres, de ceux de l'humanité, des porteurs d'espérance, des porteurs d'Amour.

A la suite de sainte Germaine, Seigneur, nous voici.    

Dr Benoît Loze