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AU-DELA DES DIFFERENCES…


Un nouveau rendez-vous avec sainte Germaine nous amène rue Desnouettes où les sœurs hospitalières du Sacré-Cœur-de-Jésus invoquent la bergère tous les jours depuis la fondation de cet établissement pour dames handicapées physiques moteurs.


Saint-Benoît Menni, frère italien de Saint-Jean-de-Dieu, canonisé en 1999, fonde cette grande maison en 1894 dans le XVIIe arrondissement de Paris et la met sous la protection de sainte Germaine. En 1867, alors qu’il venait d’être ordonné prêtre l’année précédente, le pape Pie IX confie à Benoît la délicate mission de restaurer l’Ordre de Saint-Jean-de-Dieu en Espagne. C’était l’année de la canonisation de Germaine Cousin et Benoît choisit sainte Germaine comme protectrice de cette maison, elle qui souffrait des mêmes maux que les jeunes filles qu’il va y recueillir : handicap, pauvreté, souffrance et exclusion.

En 1881, avec Maria Angustias Gimenez et Maria Josefa Recio, il fonde la congrégation des Sœurs Hospitalières du Sacré-Cœur-de-Jésus.

Dès notre arrivée dans la Maison Sainte-Germaine, notre regard est attiré par un vitrail très coloré dont l’éclairage intérieur ne fait qu’accentuer la beauté. C’est une sainte Germaine revisitée qui nous accueille les bras ouverts et il est difficile de détacher nos yeux de cette merveille. Sœur Maria del Henar, secrétaire provinciale nous raconte que cette œuvre a mis un certain temps avant d’orner le hall d’accueil, en effet, la commande en ayant été faite à la Maison du Vitrail, atelier voisin de l’établissement des sœurs, personne n’avait l’air de vouloir donner suite à ce projet, le devis se faisait attendre… jusqu’au jour où, à la grande surprise de la communauté, Christiane Deniselle Andrieux, maître-verrier à la Maison du Vitrail arrive sans prévenir avec l’œuvre terminée et, cerise sur le gâteau, c’est cadeau ! Quel beau geste de cette artiste dont le cœur est aussi grand que le talent ! Sœur Maria en est encore toute émue…

Comme tous les dimanches, la messe se déroule à 11heures dans la magnifique chapelle de la communauté. Cette chapelle possède une architecture qui fait déplacer de nombreux amateurs d’art et une acoustique hors-pair qui intéresse les organisateurs de concerts… Nous y découvrons une statue de sainte Germaine, celle que préfère sœur Maria à cause de l’expression humaine de son visage. Valides et non valides prient et chantent ensemble, la différence n’existe pas, ici le handicap n’a pas affecté leur foi. Ce que je ressens à ce moment-là est très profond, les larmes perlent sur mes joues, je me sens toute petite parmi toutes ces personnes handicapées.

Après la messe, nous visitons la sacristie où nous attendent deux autres statues de la bergère. Puis nous nous retrouvons dans le jardin où dans sa niche d’origine se trouve l’ancienne statue qui se trouvait au-dessus de la porte d’entrée de la maison en 1884 et qui aujourd’hui veille sur le potager. Dans un couloir, nous nous arrêtons devant un magnifique tableau qui date aussi de l’année de la fondation et qui n’a pas pris une ride.

Nous parcourons les nombreux couloirs qui mènent aux chambres des pensionnaires. Avec un ou deux lits, ces pièces sont personnalisées et équipées selon le handicap de chacune. Elles sont réparties en quatre unités de vie possédant chacune leur salle à manger et leur salon de détente. Différents ateliers dans des

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