Sainte Germaine !
Germaine, Tu es devenue Sainte dès l’instant où ton corps, échappant à la corruption, fut découvert 40 ans après ton inhumation dans l’église de Pibrac. Tu es morte en « odeur de sainteté » et, parce que ta vie toute donnée aux autres et aux plus pauvres, aux plus simples que tu as côtoyé, dans l’amour partagé du Christ et des hommes, fut une acceptation de ta condition dans la confiance, Dieu t’a permis d’être un de ses chemins pour les siècles à venir.
Oui, les hommes ne s’y sont pas trompés et aussitôt ils sont venus vers toi, ils t’ont reconnue comme marquée du sceau de Dieu et n’ont cessé de venir te prier, toi l’humble bergère, devenue lumière et réconfort du fond de leur misère, de leurs soucis dans la vie. Toi qui n’étais rien pour les hommes de ton temps, tu deviens signe d’une espérance enfin accessible à ceux qui se sentent perdus, comptés pour rien. Cette piété « populaire » ne cesse de se développer et ce sont tous ces assoiffés de bonheur qui par leurs incessantes visites vont faire de toi une Sainte. Oui, c’est la persévérance de ceux que l’on peut désormais appeler des pèlerins qui vont pousser l’Eglise à te reconnaître comme Sainte.
Et cette piété existe toujours 4 siècles plus tard. Les pèlerins d’aujourd’hui doivent bien ressembler aux hommes d’hier. Ils ont les mêmes détresses, le même désir de vivre et d’apaiser leurs inquiétudes, leurs souffrances, celles de ceux qu’ils aiment.
Comment ne pas voir l’œuvre de l’Esprit au cœur de chaque homme, pour le guider vers toi qui peut leur apporter paix et sérénité, qui peut les aider à supporter tout ce qu’ils ont de difficile à vivre, tout ce qui peut leur redonner courage et espérance contre toute espérance.
Certes tu es là pour aimer tous ces hommes et intercéder auprès du Père en leur faveur. Tu les rejoins sur leur chemin dans tous leurs soucis quotidiens. Et par ce baume que tu mets dans leur cœur, ils doivent bien reconnaître, même si ce n’est pas toujours clairement exprimé, que c’est le Christ qui t’anime encore et que tu leur ouvres ce chemin vers Dieu.
Pour t’avoir côtoyé pendant des années, je me suis souvent posé la question de savoir ce qui animait les pèlerins, ce qu’ils cherchaient et comment tu pouvais leur répondre. Je dois manquer de simplicité et trop intellectualiser mes interrogations. Et pourtant, j’ai aussi donné de mon temps pour toi, pour eux et pour Dieu. Sans les comprendre tout à fait j’ai respecté cette démarche de foi, j’ai aussi assumé la mienne dans l’obscurité. C’est un domaine si personnel que je ne puis juger mais seulement regarder, apprécier, me réjouir de voir ces femmes, ces hommes toujours en marche confiants et reconnaissants.
Car s’ils viennent le plus souvent pour demander un secours, ils remercient toujours. L’action de grâce est parfois leur seul mobile.