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Un matin de décembre de 1644, le fossoyeur Guillaume Cassé, aidé de Gaillard Baron, creuse une fosse dans l’église de Pibrac où Germaine Andouane avait formulé le vœu d’être ensevelie.

À peine avaient-ils commencé à creuser le sol qu’ils découvrent le corps d’une jeune fille, un corps en parfait état de conservation. Sa tête est couronnée d’une guirlande d’œillets des champs mêlés d’épis de seigle : ces détails nous permettent de situer sa mort vers le mois de juin, car les fleurs ont perdu de leur éclat, mais les épis sont dorés et gonflés de grains. Le premier coup de pioche malencontreux a atteint l’aile du nez : la blessure a tout l’aspect de la chair vivante.

Les anciens du village sont les seuls à reconnaitre ce corps :


C’est Germaine Cousin, disent-ils, qui était manchote et était atteinte de la maladie des écrouelles.

En effet, le cou porte des cicatrices, la main est infirme. Ils racontent alors que Germaine gardait les moutons en filant la laine. Elle allait tous les jours à la messe. Pour cela Germaine était obligée de laisser ses moutons sans surveillance alors que les loups étaient nombreux dans la forêt voisine. Elle plantait alors sa quenouille et aussitôt les moutons venaient se ranger autour pour ne plus s’en éloigner tant que durait l’absence de leur maîtresse tandis que les loups étaient, de leur côté, tenus à distance par une force invisible.

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